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Comment aider

Pour aider un adolescent

À VIVRE LE DEUIL

Les adolescents pleurent aussi la mort d’un proche

Chaque année, des milliers d’adolescents vivent la perte d’un être cher. Quand la mort vient chercher un parent, un frère ou une soeur, un ami ou un proche, les adolescents ressentent l’accablante perte d’une personne qui les aidait à bâtir leur fragile identité. Ces sentiments à l’égard de la mort deviennent à jamais partie intégrante de leur vie.

Qu’il s’agisse des parents, des professeurs, des conseillers ou des amis, les adultes compatissants peuvent aider les jeunes durant cette période difficile. Si les adultes font preuve d’ouverture, d’honnêteté et d’amour, la perte d’un être cher peut permettre aux jeunes de découvrir tant la joie que la peine que procure un profond attachement.

« Sois fort » leur dit-on!

Il est triste de constater que bon nombre d’adultes, qui ne comprennent pas très bien eux-mêmes ce qu’ils ressentent, dissuadent les jeunes de partager leur chagrin. Bien que de nombreux signes indiquent que les adolescents endeuillés éprouvent des sentiments d’une grande complexité, on les pousse souvent à agir comme s’ils allaient mieux qu’ils ne vont vraiment.

Quand l’un des parents d’un adolescent meurt, on lui dit souvent « d’être fort » et « de continuer » pour le parent qui reste. Il ne sait alors même pas s’il survivra lui-même à cette dure épreuve, encore moins s’il aura la capacité de supporter quelqu’un d’autre. Il est évident que de telles situations entravent le processus du deuil.

L’adolescence… une étape difficile

Les adolescents ne sont plus des enfants, sans pourtant être des adultes. À l’exception de la petite enfance, aucune période de développement ne comporte autant de changements que l’adolescence. Quittant la sécurité de l’enfance, l’adolescent commence à se séparer de ses parents. La mort d’un parent, d’un frère ou d’une soeur peut donc s’avérer une expérience particulièrement dévastatrice durant cette période difficile.

En même temps qu’il doit faire face à la perte d’un être cher, l’adolescent subit des pressions psychologiques, physiologiques et scolaires. Bien que l’adolescent puisse commencer à avoir l’air d’un « homme » ou d’une « femme », il a besoin de compassion et d’un appui continu dans son deuil, puisque le développement physique ne correspond pas toujours à la maturité émotionnelle.

Les adolescents doivent souvent faire face à des mort subites

La perte que vivent les adolescents provient souvent d’une mort subite et inattendue. Un parent peut soudainement mourir d’un arrêt cardiaque, une soeur ou un frère peut être tué(e) dans un accident d’auto ou un ami peut se suicider. La nature même de ces décès entraîne souvent un sentiment prolongé et amplifié d’irréalité.

Après la perte d’un être cher, il est fréquent que les adolescents ressentent un sentiment de stupéfaction, d’abattement. Ce genre d’engourdissement joue un rôle précieux : il donne le temps aux émotions de prendre conscience du message que leur a transmis la raison. Ce sentiment permet donc à l’adolescent de s’isoler de la réalité de la mort jusqu’à ce qu’il soit apte à tolérer la vérité qu’il ne veut pas croire.

L’adolescent peut manquer de soutien

On croit souvent à tort que les adolescents ont l’appui de leurs amis et de leur famille en tout temps. En fait, les attentes sociales face aux adolescents entraînent souvent un manque d’appui.

On s’attend généralement à ce que les adolescents soient de grandes personnes et à ce qu’ils soutiennent les autres membres de la famille, particulièrement le parent qui reste ou les jeunes frères et soeurs. Nombreux sont les adolescents à se faire dire « Tu dois maintenant t’occuper de ta famille ». Lorsqu’un adolescent sent que la responsabilité de la famille repose dorénavant sur ses épaules, il n’a pas la possibilité, ou la permission, de pleurer l’être cher qu’il a perdu.

Nous supposons souvent que les adolescents seront réconfortés par leurs pairs. Pourtant, lorsqu’il s’agit de la mort, ce n’est pas toujours le cas. Nombreux sont les adolescents endeuillés à être accueillis par l’indifférence de leurs amis. Sauf dans le cas des adolescents ayant eux-mêmes vécu le deuil, il semble que les pairs projettent leurs propres sentiments d’impuissance en évitant complètement le sujet de la perte vécue par leur ami.

Si l’on tente d’aider un adolescent endeuillé, on doit garder en tête que beaucoup d’entre eux ne sont pas dans un environnement qui leur apporte le soutien émotionnel requis. Il est malheureusement possible qu’ils se tournent vers des amis ou la famille pour se faire répondre « Prends-toi en main »!

Existence possible de relations conflictuelles

Dans leur quête d’indépendance, il n’est pas rare que les adolescents vivent des relations conflictuelles avec des membres de leur famille. Ils traversent parfois une période de dépréciation des parents, laquelle est une façon normale de se séparer d’eux.

Si un parent meurt alors que l’adolescent le repousse du point de vue émotionnel et physique, un sentiment de culpabilité ou de « tâche inachevée » est ressenti. Bien que le besoin d’établir une distance soit normal, il est facile de comprendre comment ce processus complique l’expérience du deuil.

Nous savons que la plupart des adolescents vivent des périodes difficiles avec leurs parents, leurs frères et soeurs. Le processus normal qui pousse l’adolescent à vouloir se former une identité distincte de celle de sa famille cause souvent des conflits. La mort, combinée à la turbulence des relations parent-adolescent, adolescent-frère et adolescent-soeur, peut entraîner chez l’adolescent un réel besoin de parler de la relation qui l’unissait au défunt.

Signes d’un besoin d’aide additionnelle

Comme mentionné précédemment, de nombreuses raisons peuvent rendre le processus du deuil particulièrement difficile pour les adolescents. Certains adolescents endeuillés pourront même se comporter d’une façon qui vous semblera inadéquate ou effrayante. Portez attention aux comportements suivants :

Pour aider un adolescent particulièrement ébranlé par la perte qu’il a vécue, explorez la gamme complète des services d’aide offerts dans votre communauté. L’aide de conseillers scolaires, les groupes confessionnels et les thérapeutes privés peuvent être d’importantes personnes-ressources pour certains jeunes, tandis que d’autres auront simplement besoin d’un peu plus de temps et d’attention de la part d’adultes compatissants comme vous. L’important est d’aider l’adolescent endeuillé à trouver des débouchés sans danger et enrichissants au niveau émotionnel.

Rôle de l’adulte compatissant

La façon dont les adultes réagissent à la perte d’un être cher a un effet majeur sur la réaction des adolescents face à la mort. Parfois, les adultes ne veulent pas parler de la mort, présumant à tort épargner ainsi la douleur et la tristesse aux jeunes qui les entourent. La réalité est toutefois très simple : protégés ou non, les adolescents vivent le deuil.

Les adolescents ont souvent besoin d’adultes compatissants qui leur confirment qu’il est correct d’être triste et de ressentir une multitude d’émotions à la suite de la mort d’un être aimé. Généralement, ils ont aussi besoin qu’on leur explique que leur douleur actuelle n’est pas éternelle. S’ils sont ignorés, les jeunes peuvent souffrir davantage de l’isolement que de la mort elle-même. Pire encore, ils peuvent se sentir seuls dans leur chagrin.

Les groupes de soutien

Les groupes de soutien par les pairs sont une des meilleures façons d’aider les adolescents endeuillés à trouver la voie de la guérison. Au sein d’un groupe, les adolescents sont en contact avec d’autres adolescents qui ont vécu la mort d’un proche. On les encourage à raconter leur histoire aussi souvent qu’ils le souhaitent. Dans ce cadre, la plupart seront prêts à reconnaître que la mort a changé leur vie à jamais. Vous pouvez aider les adolescents à découvrir de tels groupes. Cette démarche de votre part sera grandement appréciée.

Comprendre l’importance de la perte

N’oubliez pas que la mort d’un être cher est une expérience bouleversante pour un adolescent. Comme suite à cette mort, sa vie est à reconstruire. Gardez en tête l’importance de la perte et soyez doux et compatissant dans tous vos efforts visant à l’aider.

Le chagrin ressenti est complexe et varie d’un adolescent à l’autre. Les adultes compatissants doivent faire comprendre aux jeunes qu’ils ne doivent pas avoir honte des sentiments qu’ils ressentent, ni les cacher. Ils doivent plutôt leur expliquer que le chagrin est l’expression naturelle de l’amour éprouvé à l’égard de la personne décédée.

Le défi que doivent relever les adultes compatissants est clair : les adolescents ne choisissent pas d’être chagrinés ou de ne pas l’être. Les adultes pour leur part ont un choix à faire : aider ou ne pas aider les adolescents à vivre leur deuil.

Avec de l’amour et de la compréhension, les adultes peuvent appuyer les adolescents dans cette période de grande vulnérabilité et les aider à donner de la valeur à cette expérience de croissance et de développement personnel.

« Bien que les conseils fournis dans le présent dépliant puissent vous aider, il est important de reconnaître qu’il ne sera pas facile d’aider l’adolescent à vivre son deuil. Vous devrez peut-être porter plus d’intérêt et donner plus de temps et d’amour que vous pensiez pouvoir le faire. Cet effort en vaut toutefois grandement la peine. »

« En accompagnant un adolescent dans son deuil, vous offrez un des plus précieux cadeau de la vie…vous-même. »

Traduction libre
Dr Alan D. Wolfelt, Center for Loss and Life Transition